C’est une année quelque peu particulière pour la filière mono’i. Elle fête en 2017 les 25 ans de l’appellation d’origine Monoï de Tahiti. 25 ans, l’âge de raison ? Rien n’est moins sûr. L’appellation d’origine Monoï de Tahiti a été créée par décret Le 1er avril 1992. Celle-ci permet de protéger le produit et la marque, au fenua comme à l’international. Quelques mois plus tard, en août, un Groupement interprofessionnel du monoï de Tahiti (GIMT) est créé. Il regroupe les producteurs de la filière. Le modèle économique de ce groupement repose sur une taxe parafiscale créée par le conseil des ministres une semaine après la naissance du GIMT.
"Cette taxe, dont la liquidation incombe au service des douanes, a pour assiette les quantités d’huile de coprah raffinée et de monoï à appellation d’origine exportées. Son taux est de 50 francs par kilogramme pour le monoï conditionné sur le territoire, y compris celui entrant dans la composition de tout produit faisant référence à l’appellation d’origine, et de 200 francs par kilogramme pour l’huile de coprah raffinée et le monoï expédiés en vrac", indique l’article premier de la délibération.
Le groupement accomplit trois missions : la recherche et développement, la promotion sur les marchés domestique et international et la partie légale. Jusque là, l’Institut du monoï a permis de lancer des études que les producteurs n’auraient jamais pu lancer individuellement, mais également de protéger le nom Monoï de Tahiti à l’international. Le GIMT a aussi mis en place la Route du mono’i, entre Tahiti et Moorea.
25 ans plus tard, l’entente n’était plus à l’ordre du jour au sein du GIMT. Les visions des producteurs ne convergeaient plus dans le même sens. C’est une des raisons pour laquelle le gouvernement a décidé de mettre fin à ce groupement. Lors du conseil des ministres du 7 décembre dernier, un arrêté indiquait la dissolution du GIMT au 1er janvier 2017. "Deux entités ont été créées à ce jour : le GIE Monoï de Tahiti et l’association Cluster Tahiti Cosmetic. Ces deux structures poursuivront la promotion du Monoï de Tahiti, tant sur le marché local que sur le marché international. Le Pays se chargera, dès 2017, de la gestion de la marque Monoï de Tahiti", précisait-il.
Une autre action a été engagée par les membres du GIE. Ils ont le projet de créer une association afin de défendre et protéger l’appellation d’origine Monoï de Tahiti. "Nous le faisons pour des raisons réglementaires par rapport à l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) qui requiert une structure spéciale pour défendre cette appellation, ce que faisait le GIMT. Nous sommes obligés de la monter en parallèle du GIE car le GIE défend des intérêts économiques", explique Olivier Touboul. Cette association, qui devrait s’appeler "Association monoï de Tahiti", pourrait voir le jour d’ici quelques semaines. Elle regroupe pour l’heure les quatre producteurs du GIE. "Nous voulons ouvrir cette association à toute la filière. Tout le monde est le bienvenu", insiste Olivier Touboul. 25 ans après la création de l’appellation d’origine, son avenir reste à éclaircir.
L’appellation d’origine contrôlée a été créée par un décret-loi de 1935 relatif à la défense du marché du vin, "applicable aux vins et aux eaux-de-vie, et l’organisme chargé de leur définition, de leur protection et de leur contrôle. Leur champ a été ouvert à l’ensemble des produits agricoles et alimentaires en 1990."
En 1992, la réglementation européenne a établi l’appellation d’origine protégée (AOP). "Depuis, l’AOP concerne tous les vins et les produits agroalimentaires européens dont la production, la transformation et l’élaboration sont réalisées dans une zone géographique déterminée, selon un savoir-faire reconnu et un cahier des charges particulier."
Mono’i : La version tahitienne sert à qualifier l’huile sacrée en général et le mono’i artisanal.
Monoï : L’orthographe francisée qualifie le label et la marque Monoï de Tahiti ainsi que le mono’i industriel.
Monoi : l’orthographe anglo-saxonne apparaît rarement sur les produits labéllisés ou encore sur les produits
traditionnels.
MCC