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Teriitepaiatua Maihi s’en est allé à l’âge de 63 ans, des suites d’une maladie. Marié, père de deux enfants et grand-père de cinq petits-enfants, Pai, comme beaucoup le surnommait, était un homme joyeux et simple.
Ce jeudi, un dernier hommage lui a été rendu à l’Eglise protestante de Teavaro, en présence de sa famille, de ses amis, des politiciens de tous bords et de plusieurs agents des services qu’il a présidé (SPC-PF ou le CGF).
Si beaucoup connaissaient Pai en tant que politicien, ils le décrivaient également comme étant un homme qui avait la joie de vivre, et qui puisaient sa force dans son cocon familial. Il avait plusieurs passions, dont la pétanque ou encore les combats de coqs qu’il partageait avant tout avec ses deux fils.
Issu d’une famille modeste, Pai a su relever tous les défis pour atteindre ses objectifs. Selon son fils Ueva, "mon papa ne voyait pas à travers les yeux d’un adulte, mais à travers les yeux d’un enfant".
Aujourd’hui, ce grand homme politique est parti en laissant derrière lui des souvenirs qui marqueront à jamais les esprits. "Et le message que je voudrai lancer à toutes les familles, c’est que l’amour règne dans vos foyers", conclut son fils Ueva Maihi.
Fils de Teriitepaiatua Maihi
Dans votre témoignage, vous disiez que votre père vivait simplement dans sa jeunesse ?
"Tout à fait, il ne venait pas d’une famille aisée. Il a grandi, comme la plupart des familles de Moorea, dans le fa’a’apu. Tous les matins, il se levait à 4 heures du matin, il prenait son cheval et il allait cueillir le café, les "tiare", et ensuite, il allait à la pêche. Il est devenu ensuite agriculteur et horticulteur."
Il vous protégeait également de la politique ?
"On peut dire que nous sommes les hommes de l’ombre parce qu’à chaque fois qu’il revenait de ses réunions politiques, on parlait stratégie à la maison. Et ces derniers mois, il me disait : Ueva que penses-tu de moi aujourd’hui ? Je lui ai répondu que j’étais content qu’il soit là et qu’il soit fort. Il m’a répondu : oui, mais maintenant il faut tourner la page, et il faut préparer la relève. Mais, je lui ai dit que je n’étais pas prêt."
Vous allez donc vous lancer en politique ?
"Ça se discute d’abord en famille. Et comme disait si bien mon père, qui sait ce que l’avenir nous réserve. Donc, je ne sais pas. Mais, je sais que le maire actuel et son conseil municipal sauront quoi faire pour que Moorea avance, parce que mon papa ne voyait pas à travers les yeux d’un adulte, mais à travers les yeux d’un enfant. Il soutenait le PGEM, parce qu’il voulait que ses petits-enfants voient ce qu’est une carange et d’autres poissons. Il ne voulait pas d’un PGA à Moorea parce qu’il ne voulait pas que l’on touche à nos montagnes. Il était pour un renouveau de notre culture. On ne le voyait pas organiser des tournois de sport, il se penchait sur les problématiques que nous rencontrons aujourd’hui. Lorsqu’il passait et qu’il voyait des enfants attendre leur bus sous la pluie, il se disait qu’il fallait faire des abribus pour ces enfants. C’était un homme joyeux, il nous disait toujours : Si tu mets le Seigneur devant toi, tu auras toujours la joie de vivre."
Quelle était votre passion commune ?
"Le combat de coq. Il jouait pendant six mois à la pétanque avec mon frère et les six derniers mois, il était au combat de coq avec moi. Si vous interrogez toutes les personnes qui jouaient à la pétanque avec lui, ils vous diront que c’était un sacré numéro. Il n’avait pas peur et il aimait les challenges. "
Beaucoup de personnes le pleurent aujourd’hui, qu’en pensez-vous ?
"Il aurait dit : "Aita e ta’ira’a" (On ne pleure pas). C’était exactement sa façon de penser. Il ne faut pas pleurer, bien au contraire. Il faut être heureux et il faut vivre en se souvenant de ce qu’il était, ce qu’il faisait et ce qu’il voulait que Moorea devienne. Il avait une très grande pensée pour Maiao, où il a fait beaucoup de travaux pour que cette île soit désenclavée. Nous avons reçu beaucoup de messages réconfortants de la part des confessions religieuses, des partis politiques… Mon papa faisait peut-être partie d’un groupe politique, mais il était ami avec tous les politiciens de tous bords confondus. Nous avons vu Oscar Temaru, ce matin (hier NDLR), Gaston Flosse, les représentants du gouvernement d’Edouard Fritch, et tous ont eu le même discours : lorsqu’on rencontrait Pai, c’était la joie de vivre et on ne pouvait pas s’empêcher de rire. Et c’est ce qu’il faut retenir de lui."
Il intègre le Here Ai’a à 25 ans avec John Teariki, jusqu’en 2001.
1975 à 1989 : Employé municipal de Moorea
1983 à 1989 : Directeur des Services Techniques à Moorea
1989 : Maire délégué de Teavaro et représentant à l’Assemblée
2001 à 2008 : Maire de Moorea-Maiao et il rejoint le Tahoeraa Huiraatira
2008 à 2011 : Président du Syndicat pour la promotion des communes (SPC)
2014 : Il fait élire Evans Haumani en tant que maire de Moorea-Maiao, pour contrer John Toromona.
Jusqu’à aujourd’hui, Pai était un homme important à Moorea, puisqu’il arrivait à maintenir une majorité autour d’Evans Haumani. Il a mis en place plusieurs projets sur l’île sœur, comme le Plan de gestion de l’espace maritime ou encore le désenclavement de Maiao.