http://www.tahiti-infos.com/Brice-Borget-un-artisan-voilier-forme-au-fenua_a153055.html
Brice fait les 100 pieds sur le port de la marina Taina de Punaauia. Sous ses airs détachés, le stress se fait ressentir. Lunettes de soleil, manchettes tatouées, bermuda, savate, il s’est complètement "tropicalisé". Il est vrai qu’en treize ans, il a eu le temps de s’acclimater à la Polynésie. À 33 ans, il est l’un des six voiliers en exercice sur le Fenua. "Quand une voile est déchirée pour faire simple, je mets un patch et je fais une couture comme sur un vêtement. Mais mon métier ne s’arrête pas là, je fais aussi des coussins, des protections pour le soleil, pour la voile. Je fais rarement deux fois la même chose sur un mois. Ce qui m’a plu c’est que c’est un travail vachement diversifié qui s’exerce en extérieur. Il y a aussi le côté manuel, artisanal, la fabrication d’un produit fini que je n’avais pas quand j’étais vendeur, qui est satisfaisant", explique-t-il.
Ce métier, il l’a découvert à Tahiti "par accident". Brice n’était pas du tout destiné à exercer ce métier.
Après avoir grandi en banlieue parisienne, loin de la mer, il décide à l’âge de 20 ans de tenter sa chance en Polynésie française. "Je suis arrivé à Tahiti il y a treize ans parce que mon grand-père vivait ici. Il était venu vivre à Tahiti bien avant ma naissance. Je ne le connaissais pas trop. Je l’avais vu une ou deux fois en vacances en France. Moi, en métropole, je m’ennuyais un peu. Je n’arrivais pas à trouver ma voie. Du coup je l’ai appelé et je lui ai demandé s’il m’hébergerait, il a accepté donc je suis venu vivre chez lui."
Les deux prennent le risque, Brice d’essayer un métier qu’il ne connait pas, son formateur de former quelqu’un qui peut ne pas accrocher. "Je ne connaissais rien à la couture, rien aux bateaux, il a accepté de me former. J’ai bossé sept ans pour lui. A la fin c’était moi qui gérais les couturières, les commandes, lui, ne s’occupait plus du tout des voiles. J’étais chargé de la relation avec les clients, la prise de cote, le devis et la mise en place, lui validait les devis. "
Il n’y a pas vraiment d’école pour devenir voilier, il faut être habile de ses mains, aimer la voile et surtout il faut trouver un maître-voilier qui accepte de prendre un apprenti. Brice s’est pris de passion pour son métier, après avoir fait une multitude de petits boulots, il trouve, enfin, ce métier qui lui plait.
Lucide, aujourd’hui il reconnait "si je n’avais pas rencontré mon colloc’, je serais peut-être encore en train de vendre des voitures. "
Le secteur est devenu, tout à coup, très concurrentiel. Cet été deux grosses entreprises de voilerie ont ouvert à Tahiti. "Au départ nous étions deux à Tahiti, un à Raiatea et un à Moorea. Depuis deux mois, deux grosses voileries se sont installées en même temps. Ça change tout le secteur, ça ne va pas être évident. Ça va être plus compliqué", s’inquiète-t-il. S’il y a plus de bateaux, car de plus en plus de plaisanciers font des tours du monde et font escale à Tahiti, Brice a préféré se diversifier "pour accuser le coup, je me suis diversifié et je fais aussi des tauds et toiles pour les maisons, en extérieur, des bâches pour voiture. Tout ce qui est couture spécifique."
Il se différencie du marché en proposant des produits faits à partir de tissus de voilerie haut de gamme et du fil spécial importé de métropole, "rien de ce que je propose ne vient de Chine. Les tissus que j’utilise sont les même que pour les bâches et voiles de bateau", assure-t-il. Brice trouve sa clientèle grâce au bouche-à-oreille, "je ne fais pas de pub, ni de communication, mes clients reviennent et me recommande à leurs connaissances."
Tout seul, il fait tout de A à Z, "pendant les grosses périodes de rush je travaille avec des personnes que j’ai formées et que je prends en patenté. À terme j’aimerai pouvoir former et embaucher un apprenti, mais pour l’instant c’est trop tôt, j’ai trop de travail. Dans deux ans je pense que je pourrais y songer sérieusement, encore faut-il que je tombe sur la bonne personne, un jeune sérieux, motivé qui se passionne du métier."
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