CHPH : encore des perturbations à prévoir au service d’oncologie

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CHPH : encore des perturbations à prévoir au service d’oncologie
PAPEETE, 7 juin 2017 – Le docteur Bertrand Mongodin, attendu pour remplacer le docteur Billemont à la tête du service d’oncologie de l’hôpital de Taaone, a refusé le poste. Le suivi des patients polynésiens atteints du cancer devrait encore connaître des perturbations jusque fin octobre prochain.

D’abord, il y a eu le départ du docteur Ramdani, en février dernier. Puis, mi-mars, le non renouvellement du docteur Billemont à la tête du service d’oncologie. Depuis bientôt 6 mois, le service en charge du traitement des patients cancéreux du centre hospitalier de Polynésie française (CHPF) connait une activité en berne, faute de spécialistes en effectif suffisant. Sur le papier, le service d’oncologie prévoit de compter trois médecins cancérologues, en temps normal. Avec le docteur Nunhuck, ils ne sont aujourd’hui que deux, le poste d’oncologue libéré par le docteur Ramdani étant depuis occupé par des vacataires. Quant au docteur Billemont, il purge actuellement ses congés en attendant l’échéance de son mandat, le mois prochain. La situation aurait pu s’acheminer vers une normalisation en juillet prochain, avec l’arrivée du docteur Mongodin. Mais ce dernier vient de refuser le poste qui lui était proposé. Contacté à Nouméa, où il exerce actuellement, Bertrand Mongodin évoque des "problèmes statutaires, des problèmes personnels et une incertitude sur le fonctionnement de l’oncologie à Tahiti" pour justifier son refus.

"Vous croyez que c’est facile, vous, de trouver des oncologues qui souhaitent venir en Polynésie française ? Ce n’est pas si simple", interpelle Jacques Raynal, le ministre polynésien de la Santé. En métropole, les médecins oncologues sont en effet souvent employés dans le privé pour des raisons d’organisation. Leur rémunération est très avantageuse par rapport au service public.

L’incapacité du Pays à faire face aux exigences du docteur Mongodin a conduit ce dernier à refuser le poste au CHPF. "Il nous avait donné son accord. Aujourd’hui, il nous présente des difficultés à venir en Polynésie. C’est tout à fait acceptable ; mais la difficulté vient du fait que, nous ayant donné son accord préalable, nous étions partis sur cette position-là. C’est vrai que nous sommes ennuyés ; mais les soins continuent d’être assurés. Le service d’oncologie sera au complet d’ici trois mois", assure Jacques Raynal.

En attendant, pour les patients en traitement de jour, cette carence en spécialistes au sein du service d’oncologie se traduit parfois par des délais d’attente supplémentaires. "Nous avons d’énormes difficultés à prendre en charge les patients", nous indique-t-on au sein du service. "Les prises en charge en hôpital de jour posent problème". Sur place, quotidiennement 28 à 30 malades sont programmés pour un traitement dans le cadre d’une hospitalisation de jour. "On a de plus en plus de patients. On ne peut pas se permettre de faire attendre pour un rendez-vous", souligne-t-on au service d’oncologie. "Quelques jours peuvent avoir une importance cruciale pour la prise en charge des patients".

"Il n’y a qu’un domaine où les délais sont important : la radiothérapie, relativise Jacques Raynal. "Lorsque vous débutez un traitement en radiothérapie, on ne peut pas l’interrompre. Ce domaine ne souffre pas de délai et il n’y en a pas. En ce qui concerne les chimiothérapies, les délais peuvent être variables en fonction de l’état du patient".

Mardi, le docteur Aurélie Ducourneau a pris ses fonctions en tant que vacataire au service d’oncologie. Un autre médecin oncologue vacataire est attendu courant juillet, en la personne du docteur Pierre Gustin. Ensuite, au ministère de la Santé on fonde beaucoup d’espoirs sur l’arrivée, fin octobre, du docteur François Hugues, oncologue spécialisé dans le traitement des affections pulmonaires. "Les soins seront assurés : c’est ce qui compte, insiste en attendant le ministre de la Santé.

"C’est vrai qu’il y a ici une aura particulière autour de la perception du cancer", souligne aussi Jacques Raynal. "On a une population où le cancer est un élément très important de la pathologie. Nous avons développé un service d’oncologie adapté à ce problème-là. Le fonctionnement de ce service connait des perturbations. Elles ne datent pas d’aujourd’hui. On essaye de les régler. Si nous n’avons pas prolongé le contrat du docteur Billemont c’est en partie lié aux difficultés relationnelles qui existaient au sein du service et avec les malades. Pour l’instant nous sommes dans une période de transition. Les soins sont assurés, et cela est de notre responsabilité. Ensuite, lorsque les personnes attendues pour une période longue seront arrivées – au mois d’août puis au mois d’octobre –, nous mettrons en place le Plan cancer et le fonctionnement du service rentrera dans l’ordre".

"Au sein du Pacifique, peu de Pays possèdent autant de moyens que nous avons", fait aussi observer Jacques Raynal à propos du traitement des malades atteints d’un cancer. "D’ailleurs, régulièrement la Nouvelle-Calédonie entre en relation avec nous pour des échanges thérapeutiques. Je crois que l’on ne se rend pas bien compte des progrès que nous avons réalisés au cours des 10 dernières années dans le cadre du traitement des cancers : l’ouverture du CHPF a permis l’installation de deux appareils de radiothérapie et de moyens techniques colossaux, par rapport à la population de ce Pays. Nous avons voulu que les soins soient réalisés sur place, pour le confort des familles. On ne peut pas dire que la prise en charge du cancer soit faite a minima". Les patients devront tout de même se faire une raison avant le retour attendu à la normale du fonctionnement du service d’oncologie, en octobre prochain.


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