L’incompréhension est totale au conseil des femmes. Depuis le remaniement ministériel de janvier, il n’y a plus de portefeuille ministériel de la condition féminine à part entière mais celui-ci a été intégré dans les attributions du ministre des solidarités et de la santé, en charge de la réforme de la protection sociale généralisée, de la prévention et de la famille. "J’ai demandé au président de la Polynésie française de remettre le ministère délégué à la condition féminine le 8 mars, journée internationale des droits de la femme. Je trouve que l’avoir supprimé n’a pas beaucoup de sens, à un moment où nous faisions des progrès. Nous avons l’impression d’avoir régressé en ce qui concerne la condition féminine", s’insurge Minarii Chantal Galenon, présidente du conseil des femmes.
"J’en ai parlé la dernière fois à l’assemblée, j’ai adressé une question écrite au gouvernement. On m’a ri au nez. Je n’ai pas eu beaucoup de soutien", regrette-t-elle. L’actualité judiciaire a démontré que les violences intrafamiliales et en particulier celles faites aux femmes, sont encore très présentes au fenua. Au cours de cette dernière session d’assises, deux hommes ont été reconnus coupables de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur leur concubine.
Pour cette dernière, la lutte contre les violences commence par le bien-être des hommes et des femmes. La société change rapidement. L’adaptation à la vie moderne n’est pas évidente pour tout le monde. "La violence découle souvent des problèmes d’emploi, d’alcool et de drogue. Il y a tout un suivi à mettre en place pour arrêter ça."
Minarii Galenon estime que le ministère délégué à la condition féminine à un vrai rôle à jouer dans la société d’aujourd’hui. Il doit permettre la mise en place d’actions destinées à aider les femmes dans leur quotidien et à lutter contre les violences. En l’espace d’un an, les autorités ont pris plusieurs dispositions pour venir en aide aux femmes battues. Un téléphone grand danger et une page Facebook permettent aux victimes de signaler les problèmes. La présidente salue cette initiative mais exprime quelques doutes : "Je pense que cela n’aide qu’une partie des femmes. Par exemple, prenons un cas que nous venons de voir aux assises. Une femme à Takaroa, aux Tuamotu, il faut déjà qu’elle ait un téléphone. Il faut ensuite que ce téléphone capte. Et puis, quand on se fait taper, c’est compliqué…"
Si la présidente estime essentiel la remise en place du ministère, elle sait qu’il ne pourra pas tout résoudre. Le problème est global. La solution doit l’être aussi. Toutes les énergies doivent converger pour permettre aux Polynésiens le mieux vivre ensemble. La présidente du conseil des femmes conclut : "Il faut qu’il y ait une véritable prise de conscience sur ce qui se passe dans notre société. J’ai envie que tout le monde soit uni pour combattre toutes les formes de violences."
– Par qui? Six associations ont été à l’initiative du conseil des femmes : le groupement de solidarité des femmes de Tahiti, l’association Tuterai Nui, le club Soroptimist, l’association Tiare Rau, l’association Te Vahine Porinetia et la société de secours. Aujourd’hui, le conseil est composé de 13 associations.
– Pourquoi? Le but est de regrouper les associations s’occupant de la condition et des droits des femmes et des enfants polynésiens afin de : informer les femmes et les familles sur leurs droits, défendre leurs intérêts, créer et/ou gérer un ou plusieurs centres d’hébergement pour personnes en difficultés…