Parfois, il est plus facile de détourner la règlementation et de tenter de faire partir en douce les plants dans les îles. Mais attention, ces agissements peuvent avoir des répercussions importantes pour ces destinations encore préservées de toutes formes de maladies ou d’insectes sur les végétaux.
Le passage au phytosanitaire est obligatoire avant tous transports. "Le traitement c’est une fumigation avec un gaz, c’est ce qu’on appelle "le four" couramment. On met un gaz qui va tuer les insectes et les champignons qui seraient à l’extérieur de la marchandise. Le deuxième type de traitement, c’est le trempage dans une solution fongicide insecticide", précise Rudolph Putoa, directeur adjoint de la Direction de la biosécurité, secteur phytosanitaire.
Autre point important et pas des moindres, "les plantes à expédier dans les îles sont à racines nues, ce n’est jamais dans le pot parce que la terre contient des insectes, des petites fourmis ou des champignons", souligne Rudolph Putoa.
Mais quels sont les types de plants qui seront trempés dans un produit et quels sont ceux qui seront fumigés ? "Ce sont plus les plantes et les boutures que l’on fait tremper. Et les plants avec les feuillages seront mis à la fumigation. On traite à 32 grammes par m3 (volume de la chambre) de bromure de méthyle, c’est le gaz qu’on utilise pour le traitement de quarantaine, pendant 1h30. Quant au trempage, il se fait en 15 minutes", prévient Rudolph Putoa.
Et pour celles et ceux qui sont inquiets de l’état de santé de leurs plants, vous pouvez remettre vos végétaux dans du compost importé. "Mais, cette opération doit se faire ici, au phyto, devant nous", précise le directeur adjoint de la Direction de la biosécurité.
Les fruits ne sont pas négligés, "on veut se protéger contre la mouche des fruits". Du coup, vos fruits seront fumigés avec du bromure de méthyle. "Au niveau de la santé, le gaz est complètement évaporé au bout de 2 heures."
Pour les cocos, vous devez les présenter au phytosanitaire sans aucun germe. Les bois non traités aussi seront fumigés.
Ces opérations sont entièrement gratuites, un certificat vous sera délivré par la suite, en cas de réclamation. "Je vois qu’Air Tahiti joue le jeu et demande à chaque fois le certificat pour les produits végétaux, ce n’est pas forcément le cas chez les armateurs ou les goélettes", regrette Rudolph Putoa.
Certaines plantes sont également interdites à l’exportation dans les îles, telles que les ‘opuhi, les gingembres, les anthurium, orchidées… "Il y a un virus du bananier que l’on a retrouvé sur les opuhi. C’est une maladie que l’on trouve ailleurs sur les bananiers, mais chez nous, on en trouve sur les opuhi et les plantes de la même famille, comme le gingembre… Depuis, on interdit l’expédition de plants ou même de racines de ce genre dans les îles. Les plants d’agrumes sont interdits aussi", confie Rudolph Putoa.
1/ Avant le transport
"Je conseille de mettre dans de la mousse à marcotter. On en trouve dans les commerces spécialisés, c’est de la mousse qui vient de Nouvelle-Zélande ou bien du Chili et qui est un produit naturel. Il vient sous forme déshydraté, qu’on va ré-humidifier et qui permet de faire des marcottes, ou favoriser le transport des plantes que l’on va protéger. Ça permet de garder l’humidité des racines pour éviter qu’elles ne sèchent. Il faut ensuite envelopper de papier plastique pour garder l’humidité à l’intérieur, et ensuite du papier bulle pour protéger contre les chocs."
2/ Pendant le transport
"Dans le carton, il faut bien caler avec du polyester en petits morceaux pour éviter les mouvements, on sait très bien comment sont manipulés les cartons. Il faut prendre ces précautions. Les végétaux sont des organismes vivants fragiles. Ils craignent la chaleur et la sècheresse. Pour les arbres fruitiers, il ne faut pas que ça bouge dans les cartons."
3/ Après le transport
"Une fois arrivée, la plante peut être remise en terre. On peut faire de la ré-humidification, c’est ce que nous faisons lorsqu’elle a voyagé longtemps, tout dépend de la durée du voyage. Si c’est sur les Marquises, ça va être assez long, à peu près une semaine. Donc, à ce moment-là, on conseille de mettre les plantes dans une bassine d’eau avec du RootMost dilué et de faire la période de ré-humidification de la plante pendant 1 à 2 heures, c’est ce qu’on fait pour des plantes en pot qui ont une grande soif, on les immerge dans un seau d’eau, c’est l’opération de réanimation. Ce produit permet de favoriser la reprise de la plante arrivée à destination."
Pour les arbres fruitiers, l’opération est plus délicate : "Dans le pot, il faut bien drainer, c’est pour éviter le pourrissement des racines et le développement de maladies, comme le phytophthora qui est une maladie mortelle pour les plantes, et notamment sur les arbres fruitiers. Donc, il faut mettre au fond du trou, le gravier, du terreau, ensuite une couche d’engrais, c’est une poignée en général, 50 grammes à peu près. Ensuite, on met de la terre et la plante. Surtout bien tasser pour ne pas que la plante bouge. Il faut prévoir généralement, entre 60 et 80 cm de diamètre de circonférence pour le trou de transplantation. Il faut bien drainer, ne pas mettre d’engrais en contact direct avec les racines. Si on veut mettre de l’engrais ou de la fumure organique, on peut le faire mais pas en contact direct avec les racines."
Membre de l’équipe Taote plante
La hantise reste la petite fourmi de feu. Comment faire pour voir s’il y en a dans les pots de fleurs ?
"Si vous avez un doute sur le fait que vous avez des fourmis de feu ou pas dans les plantes en pot, il y a un test très classique que vous pouvez faire. Vous prenez un bâtonnet avec du skippy. Dans une bassine d’eau, on va mettre la plante. Ensuite, on va mettre du skippy, sur la terre dans le pot. On attend à peu près 3-4 heures pour voir s’il y a des fourmis ou pas."
Est-ce que le passage au phytosanitaire est risqué pour les plantes ?
"Le traitement qui est fait au phyto est généralement à base de bromure de méthyle, et qui permet d’annuler tous les insectes dans un container. C’est un traitement qui est fait au gaz, et, effectivement ce traitement peut avoir des effets de brûlures sur la végétation. Mais ça reprend tout de suite après. Il n’y a pas de problèmes."
Rudolph Putoa nous dit tout : "Lorsque vous voulez expédier des plantes ou des produits végétaux dans un pays, on conseille toujours d’avoir le permis d’importation de ce pays, qui vous autorise à faire entrer ces produits chez eux, ce n’est pas notre règlementation qui va s’appliquer mais la leur. En France, c’est compliqué, parce que c’est la règlementation de l’Europe qui s’applique. En gros, ils ne sont pas très stricts sur les types de produits qu’on a, sauf sur les agrumes (citrons, pamplemousse…). Là, ils veulent que ce soit traité et qu’on leur délivre le certificat sur lequel sont marquées toutes leurs exigences."