http://www.tahiti-infos.com/Fiasco-du-Heiva-i-Dubai-On-nous-a-vendu-du-reve_a161958.html
L’information avait fait couler beaucoup d’encre et suscité une vive polémique au sein de la communauté culturelle. Le dossier réalisé par Tahiti Pacifique, intitulé "L’élite du Heiva i Tahiti pillée par Dubaï" (lire l’édition du 2 juin dernier, n°356), avait fait notamment le buzz sur le web. Un émir a offert aux meilleurs de nos danseurs et musiciens polynésiens un contrat pour partir aux Émirats arabes unis du 7 juillet au 7 août, en pleine période de Heiva, le plus grand rassemblement culturel en Polynésie. Ils devaient assurer dans la cité-État une série de shows et tous les frais devaient être pris en charge. D’un côté, c’était une opportunité alléchante pour les jeunes artistes du fenua, qui devaient en outre être grassement rémunérés… Mais de l’autre, certains groupes qui préparaient le Heiva i Tahiti ont vu leur effectif amoindri et ont été même privés, parfois, de leurs premières lignes. Durement pénalisés, des chefs de troupe comme Makau Foster (Tamariki Poerani) ont dû alors revoir leurs placements et leurs chorégraphies.
Heremoana Maamaatuaiahutapu, le ministre de la Culture, lui, s’inquiétait de la gestion du groupe sur place, estimant que c’est "l’image de la Polynésie qui est en jeu". Quant au président du jury du Heiva, Matani Kainuku, il regrettait que les organisateurs n’aient pas "simplement négocié que cela se passe après le Heiva". Sauf que le voyage n’aura pas lieu ou du moins il sera finalement "reporté" selon André Tahimanarii, l’attaché de presse chargé de la communication de l’événement. Officiellement, ce seraient les "tensions dues à la situation géopolitique" qui expliqueraient que le projet soit tombé à l’eau. Plusieurs pays du Golfe et l’Égypte ont en effet rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, petit émirat limitrophe de Dubaï, accusé de soutenir le terrorisme, notamment depuis l’attentat meurtrier commis en Grande-Bretagne le 5 juin dernier. Revendiquée par l’organisation État islamique (EI), l’attaque au cœur de Londres a fait au moins sept morts, dont un Français, et 48 blessés. L’Arabie saoudite, le Yémen, les Émirats arabes unis et Bahreïn accusent Doha d’encourager Al-Qaida, l’EI et la confrérie des Frères musulmans. Qatar Airways a, pour sa part, suspendu ses vols vers l’Arabie saoudite, dont la compagnie nationale Saudia a pris une mesure similaire.
Si le voyage est donc "reporté" à une date ultérieure, une "petite délégation de 14 personnes" doit cependant s’envoler à Dubaï, en septembre prochain. Mais cette fois, pour faire du "business". Le chargé de communication précise : "Il s’agit d’un déplacement d’affaires pour mettre en avant la carte postale de la Polynésie française. Nous avons créé une passerelle avec les Émirats arabes unis depuis trois ans maintenant, et nous cherchons à développer des fonds de garanties." Quoi qu’il en soit, c’est une énorme déception pour les 140 artistes (danseurs, musiciens et artisans) qui s’étaient engagés dans les répétitions depuis fin avril, à l’instar de Tuarii Tracqui, qui "n’y croit plus" et considère qu’on leur a "vendu du rêve" (lire encadré ci-dessous). Nombre d’entre eux ont passé beaucoup de temps à s’organiser, ont déposé leurs congés et renoncé à leur participation au Heiva i Tahiti. Certains devaient même prendre l’avion pour la première fois. Alors, après ce raté, le séjour aura-t-il réellement lieu un jour ? La suite au prochain épisode…