http://www.tahiti-infos.com/Fin-des-recherches-sans-aucune-trace-des-naufrages-de-Maiao_a154813.html
"On a épuisé nos moyens, en machine comme en personnel". Clément Jacquemin, administrateur en chef des affaires maritimes et directeur du JRCC (centre de coordination de sauvetage aéro-maritime) est revenu ce dimanche après-midi sur la décision du haut-commissariat d’arrêter les recherches entreprises sans relâche depuis mardi soir, pour retrouver Laurent et Meherio Para, les deux occupants du poti marara Rahu Mohe Vai, portés disparus entre Huahine et l’île de Maiao qu’ils devaient rejoindre.
"Nous avons balayé une zone globale de 200 nautiques sur 200, soit environ 70 000 km2 couverts ce qui est immense, les gens doivent avoir en tête que c’est un travail énorme", souligne le patron du JRCC qui précise que les pilotes de l’avion Gardian notamment, se sont relayés sans arrêt, nuit et jour. Un avion qui a effectué des recherches dans de bonnes conditions météorologiques de houle et de vent, par une mer belle propice à une efficacité optimale de ces équipements radars : "Il faut savoir que dans ces conditions le radar accroche tout ce qui dépasse ou flotte en surface, la zone a été passée au peigne fin, nous n’étions même plus sur la recherche d’un bateau mais de personnes à la mer". L’hélicoptère Dauphin, lui, a survolé plus spécifiquement les secteurs de Moorea, Maiao et même Tetiaroa où Laurent aurait pu faire un crochet pour aller pêcher selon des proches.
Aucun débris de bateau, pas de trace de ses occupants
Cartes à l’appui, Clément Jacquemin détaille l’immensité de la zone des recherches couverte jusqu’à dimanche matin par son personnel, avant que la décision de suspendre le dispositif ne soit prise par le haut-commissariat : "En fonction des informations et des témoignages recueillis, on a élargi la zone, on est allé chercher loin, à l’Est aussi du côté de Maupiti et Bora Bora, dans l’hypothèse où ils se seraient détournés pour aller voir des amis". Mais malgré cette débauche de moyens et quatre jours d’efforts, rien. Pas même un débris, un gilet de sauvetage, une glacière à la surface de l’eau. Clément Jacquemin qui confie enfin avoir eu le père des disparus au téléphone ce matin pour lui annoncer la fin des recherches : "Il m’a dit qu’il comprenait tout à fait et qu’ils allaient continuer de leur côté, on les y a encouragés. Même si le JRCC ne pourra pas les appuyer on leur a demandé de nous tenir informé".
Mais qu’a-t-il donc bien pu arriver à Laurent et Meherio Para ? "Soit une perte totale du bateau, corps et biens", lance le chef du JRCC qui trouve néanmoins "peu probable" que l’on ait rien retrouvé de ce poti marara neuf "et quasiment insubmersible" : "Il aurait fallu une collision à haute vitesse qui aurait fait exploser le bateau mais on aurait retrouvé des débris".
La seconde hypothèse, privilégiée, serait une grosse erreur de cap dans le trajet vers Maiao. "La désorientation est une hypothèse, qu’ils se soient trompés en descendant plus au sud", acquiesce le professionnel. Dans la mesure où le bateau était équipé pour la pêche, les naufragés s’ils sont encore en vie pourraient s’alimenter mais viendrait rapidement se poser la question du manque d’eau. Tous les navires croisant dans la zone ont automatiquement reçu l’avis de recherche descriptif les concernant.
Indispensable balise de détresse
Si le Rahu Mohe Vai, poti marara de 24 pieds (8 mètres) était équipé d’un compas et de sa boussole, d’une radio VHF, d’un vini et de fusées de détresse, le JRCC ne peut que déplorer qu’il n’ait pas été doté d’une balise de détresse : "Le vini ne sert à rien dès qu’on s’éloigne des côtes. Leur trajet était de 55 nautiques, environ 100 km", poursuit Clément Jacquemin. "C’est un long voyage pour un tel bateau. Il faut une balise de détresse sur ce type de navigation. Mettons qu’ils aient eu une avarie à 10 h, ils déclenchent la balise, à 10 h 02 nous étions prévenus, à 11 h nous étions sur zone et à midi ils étaient chez eux". Le professionnel du sauvetage en mer qui rappelle que grâce à l’action de la Fédération d’entraide polynésienne de sauvetage en mer (FEPSM) ces équipements aujourd’hui de la taille d’un gros smartphone peuvent être achetés auprès d’eux à prix coutant, soit 27 000 francs, "moins cher qu’en métropole ou aux Etats-Unis".
"Nous le disons sans arrêt mais il faut prévenir les secours le plus tôt possible, plus le temps passe, plus on dérive, plus la zone de recherche s’agrandit. Les gens ne doivent pas avoir peur d’appeler, cela ne veut pas dire qu’on engagera dans la minute l’avion ou l’hélicoptère. C’est notre métier, justement, de savoir si le déclenchement d’une opération est légitime ou pas".