"Les graines bijoux" : Daniel Pardon met en lumière les trésors végétaux de Tahiti et ses îles

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PAPEETE, le 20 octobre 2016 – Après l’écriture d’ouvrages de référence sur Rapa Nui, Mururoa et Fangataufa, des guides des fruits et des fleurs et même un livre sur le cannibalisme en Océanie, Daniel Pardon vient de publier "Les graines bijoux de Tahiti et de ses îles" aux éditions Au Vent des îles. Le résultat de plusieurs années de travail au service des artisans du fenua.

Il aura fallu plus de dix années à Daniel Pardon pour récolter les différentes espèces de graines qui existent en Polynésie. Un travail de fourmi qui illustre bien sa passion notamment pour les plantes, les fruits et les fleurs, mais pas seulement (voir sa bibliographie). L’ancien rédacteur en chef de La Dépêche, puis du pôle magazines inhérent au groupe de presse est aujourd’hui à la retraite, mais il poursuit son activité de journaliste ainsi que l’écriture d’ouvrages de référence. Pour "Les graines bijoux", il explique : "J’ai pu en recenser environ quatre-vingts au total. Parmi elles, 95 % sont locales, mais beaucoup ont été par ailleurs introduites par les missionnaires". Et de préciser : "Cette publication s’adresse en premier lieu aux artisans du fenua. En effet, je me suis aperçu que les noms vernaculaires variaient et que de nombreuses graines étaient importées, c’était le flou artistique. C’est avec l’aide de la population de Tahiti et des îles, et surtout des artisans, que j’ai recueilli le maximum d’informations ; ce livre est ainsi le fruit de tous ces échanges. Il est en outre destiné au grand public qui se rend dans les expositions, les foires, etc. L’idée est que tout le monde puisse savoir enfin ce qu’il porte ! C’est donc un travail collectif, avec aussi une superbe mise en page signée Philippe Bachet. Je tiens également à remercier Christian Robert, mon éditeur, qui prend ici un risque industriel."


Au fil des 195 pages, le lecteur découvre tous les trésors végétaux qu’abritent nos îles, et surtout l’archipel des Marquises. L’auteur a pris le soin de répertorier chaque variété et de les classer dans différentes catégories : les graines classiques, celles négligées, ou bien rares, les palmiers, les graines éphémères, et même celles de demain. Leur toxicité est en outre mise en exergue, mais rassurez-vous, ce sont seulement lorsque les graines sont broyées qu’elles peuvent avoir des effets néfastes… A contrario, elles ont toutes des propriétés médicinales. On apprend aussi que la fleur de tiare Tahiti donne parfois (très rarement) des fruits, que les graines de corossol réduites en poudre peuvent faire office d’insecticide, que dix graines de pitipiti’o (pois rouges) et une de koku’u (savonnier) enfilées à la suite servaient à créer des chapelets, etc. Vous trouverez également plein d’informations pratiques comme la meilleure façon d’entretenir vos graines bijoux.


"Remettre au goût du jour toutes ces richesses"

"Il m’a semblé nécessaire de remettre au goût du jour toutes ces richesses", note Daniel Pardon. En effet, lorsque les premiers navigateurs découvrent le Fenua Enata, ils relevèrent, dans leurs gravures par exemple, l’importance des graines dans la confection des panures des indigènes. En réalité, tous les Polynésiens travaillaient ces gemmes naturelles, puis vint la colonisation et avec elle la modernité et l’abandon de ces pratiques anciennes. "C’est finalement l’électrisation dans les vallées marquisiennes les plus reculées qui a permis cette spectaculaire renaissance de l’artisanat, de la même façon que cela a relancé la sculpture", poursuit l’auteur. La journée, on récoltait des graines, et le soir, on les perçait pour confectionner colliers, boucles d’oreilles, bracelets… On retrouva ainsi peu à peu les savoir-faire ancestraux. Aujourd’hui le travail créatif des artisans est remarquable.


"Ce livre va nous permettre de nous réapproprier certaines espèces, comme la noix de bancoul, c’est très utile pour nous", s’enthousiasme pour sa part Raphaël Taiaapu, artisan originaire de Ua Huka. Laetitia Liault, chef du Service de l’artisanat traditionnel, remarque quant à elle : "Les graines représentent une matière première importante pour le pays, il était nécessaire de les remettre en valeur, d’autant que la demande des touristes augmente." "Les pouvoirs publics pourraient les aider à importer des graines d’Amérique latine par exemple, afin de développer encore plus la filière", propose Daniel Pardon. Et de citer le cas d’une jeune fille sans emploi revenue chez elle, aux Marquises, qui exerce désormais une activité lucrative grâce aux graines. Un bel exemple qui pourrait inciter les jeunes à se lancer, eux aussi, dans l’artisanat et faire vivre leurs familles. À la fois bijoux ethniques et symboles identitaires, les graines s’offrent aujourd’hui une seconde vie.


Infos pratiques

"Les graines bijoux de Tahiti et de ses îles"

Éditions Au Vent des îles

195 pages

Prix : 3 950 FCfp

Séance de dédicaces à la librairie Odyssey samedi 29 octobre, de 9 heures à midi


Auteur de plusieurs livres

Entre autres…

– "Tahiti entre ciel et mer" (éditions Glénat, 1992)

– "Mururoa, Fangataufa, état des lieux" (éditions Glénat, 1995)

– "Guide des fruits de Tahiti" (éditions Au vent des îles, 2005)

– "Guide de l’île de Pâques" (éditions Au vent des îles, 2008)

– "Guide de Rapa Nui" (éditions Editorial Kactus, Santiago du Chili, 2009)

– "Guide des fleurs de Tahiti" (éditions Pacific Promotion Tahiti SA, 2010)

– "La grande mer cannibale" (éditions L’ancre de marine, 2015)



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