https://www.tahiti-infos.com/Les-patients-dialyses-devront-etre-evasanes-a-Raiatea_a170592.html
Mercredi en fin d’après-midi, le ministre de la Santé, le chef du service de néphrologie, l’ Apurad et les associations de patients se sont retrouvés pour une réunion d’urgence afin de trouver une solution pour les patients dialysés de Tahiti. Les unités de dialyse médicalisée (UDM) présentes sur le Territoire sont saturées et ne peuvent plus accueillir de nouveaux patients. Un nouveau centre géré par un nouvel acteur, la SAS ISIS Polynésie, devrait voir le jour en septembre. D’ici là, le ministère de la Santé doit trouver une solution de toute urgence pour les quatre prochains mois.
"Nous nous sommes réunis pour faire face à une situation que nous espérons provisoire. L’offre de soin en unité de dialyse médicalisée est aujourd’hui saturée que ce soit pour nous, l’hôpital comme pour l’APURAD", explique le docteur Pascale Testevuide, chef du service néphrologie.
"Le CHPF et l’Apurad, nous alertons depuis 2014 sur ces risques. En 2014 nous avions proposé le projet rotonde-terrasse. À cette époque nous faisions déjà état d’un risque à très court terme si nous ne trouvions pas de solution", déclare le directeur de l’ Apurad.
Pour Sylvain Rigault, directeur de l’APURAD, "nous sommes actuellement en surcapacité de 30 patients à Tahiti. L’APURAD propose aussi à Raiatea une offre de santé d’autodialyse et une offre de santé de dialyse médicalisée. Lors de la commission d’organisation des soins de santé, l’APURAD a demandé la reconduction de toutes ses offres comme en 2016. Sauf que la commission de 2017 a validé l’activité d’autodialyse, mais a refusé la mise en place d’activité de dialyse médicalisée. Or depuis 2014 nous faisons les deux activités. Par dérogation du ministère, nous continuons de la faire, mais elle doit s’arrêter dès l’ouverture d’une offre autre à l’équivalent". Il ajoute, "on va évasaner des patients sur une activité qui existe depuis quatre ans, qui n’a jamais posé de problème et qui à terme va disparaitre. En attendant la fermeture, pendant quatre mois nous allons augmenter cette activité..."
482 personnes dialysées
196 patients dialysés au centre hospitalier du Taaone pour un coût forfaitaire estimé à 80 000 francs par séance et par patient
en 2017
615 le nombre d’insuffisants rénaux traités en Polynésie
50 nouveaux patients par an
463 personnes dialysées
dont
189 patients dialysés au centre hospitalier du Taaone
152 patients greffés
Nous sommes face à une situation qui, d’après le docteur Testevuide, est devenue plus aigüe du fait de la complexité du traitement de certains patients qui sont actuellement en unité d’autodialyse et qui doivent passer par les unités de dialyse médicalisée (UDM). Or en UDM il n’y a plus de place.
Pourquoi les acteurs du monde de la dialyse se sont-ils rencontrés en urgence mercredi ?
Nous nous sommes rencontrés pour évoquer la prise en charge des patients dialysés, et faire un réel bilan de l’existant. Nous avons parlé des difficultés de traitement de prise en charge et envisagé une solution pour réorienter des patients vers des centres existants en priorité en Polynésie, à Raiatea notamment. S’il n’est pas possible de les réorienter dans les centres existants en Polynésie, nous devrons envisager, éventuellement, des évacuations sanitaires extérieures qui s’opèreraient possiblement vers la Nouvelle-Calédonie.
Lors de la dernière commission d’organisation des soins, le centre de Raiatea s’est vu refuser le renouvellement de son autorisation…
C’est exact. Pour l’instant les choses sont toujours dans la même disposition qu’avant la COS, dans la mesure où les autorisations ne sont réellement validées que lorsque les nouvelles autorisations sont mises en place. Dans l’attente de l’ouverture des autres centres qui ont obtenu une autorisation, les choses ne bougent pas. Les autorisations qu’ils ont sont toujours valides. Ce n’est que lorsque les nouvelles autorisations seront mises en place qu’ils se retrouveront avec un tout petit peu moins de postes à Raiatea. Leur autorisation est pour six postes alors qu’ils en ont huit actuellement. Ce n’est pas la COS qui entraine les difficultés que nous rencontrons aujourd’hui.
Justement comment sommes-nous arrivés à cette situation ?
Ce sont différents événements qui se sont passés, en particulier la destruction nécessaire de la rotonde. Suite à cela, l’APURAD n’a pas pu utiliser le site de la Rotonde, cela a été un écueil majeur. Ils n’ont pas pu mettre en place le projet qui était prévu.
Aujourd’hui tout le réseau est-il saturé ?
Non. C’est beaucoup plus compliqué de cela. En nombre de postes de traitement, il y a suffisamment de postes pour traiter le nombre de patients. La difficulté, c’est là où nous rentrons dans des critères techniques, c’est qu’il y a différentes sortes de traitement de l’insuffisance rénale. Il y a des traitements qui sont plus lourds que d’autres. C’est dans la répartition de ce traitement que l’on a un besoin.
Quand vont ouvrir les postes du nouvel acteur ISIS?
ISIS va ouvrir en septembre. Il avait annoncé qu’il serait peut-être possible d’ouvrir en juin, mais compte tenu de la nécessité d’importer des matériels et d’autres choses, il ne pourra ouvrir qu’en septembre 2018.
Combien de postes seraient-ils nécessaires pour résoudre cette situation ?
Il n’en faut pas plus. C’est un problème de répartition des patients. C’est pourquoi nous parlons d’évacuation sanitaire interne sur Raiatea. APURAD à Raiatea pourrait prendre en charge les patients. Il y a une vingtaine de patients qui peuvent être répartis différemment, soit sur Tahiti soit à Raiatea. Si nous n’y arrivons pas, il faudra envisager pour certains en fonction de critères médicaux particuliers une évacuation sanitaire sur d’autres centres, notamment en Nouvelle-Calédonie.
À partir de quand les patients devront-ils être évasanés ?
Nous avons prévu de nous revoir la semaine prochaine. A priori les evasans concerneront les mois de mai, juin, juillet, août, soit quatre mois. Isis ouvrira ses centres à Tahiti en septembre.
Pour la COS a-t-elle choisi ISIS plutôt que l’APURAD qui connaît déjà la situation en Polynésie ?
Une des recommandations du schéma d’organisation sanitaire était de faire baisser le coût de l’hémodialyse en général. Le monopole n’est jamais favorable à une inflexion des prix. Nous introduisons donc progressivement d’autres acteurs. En l’occurrence, ISIS a permis de baisser les tarifs. Les UDM sont passés de 39 000 à 35 000 francs. L’introduction d’un nouvel acteur permet de jouer sur les tarifs.