http://www.tahiti-infos.com/O-Oe-To-Oe-Rima-fete-ses-20-ans-d-existence_a152972.html
Créée en 1996, la confédération syndicale d’O Oe To Oe Rima célèbre cette année, ses 20 ans d’existence en Polynésie. Un parcours plutôt positif malgré quelques difficultés rencontrées en 2004 : "notre ancien secrétaire général était entré en politique avec le Tavini. Mais quand il a décidé de quitter ce parti politique, tous nos adhérents indépendantistes nous ont quittés.", raconte Atonia Teriinohorai, secrétaire général d’O Oe To Oe Rima.
Aujourd’hui, le syndicat compte 6 000 adhérents, contre plus de 10 000 avant 2004. En termes de représentativité, O Oe To Oe Rima se hisse à la quatrième place devant Otahi et derrière la CSIP. La CSTP-FO conserve son titre de leader devant A Ti’a I Mua.
Il faut savoir que chaque organisation syndicale perçoit une subvention de fonctionnement du Pays qui est répartie en fonction du nombre de sièges obtenus par chaque organisation syndicale lors des élections professionnelles de 2014 et 2015. En 2016, O Oe To Oe Rima a perçu un peu plus de 2,1 millions de francs.
Donc pour les 20 ans de son syndicat, Atonia Teriinohorai compte bien redorer le blason d’O Oe To Oe Rima. "Nous sommes connus pour être des casseurs. Donc, il va falloir que l’on retourne sur le terrain, il faut faire des réunions, réunir les fédérations."
D’ailleurs, un grand repas sera organisé pour l’ensemble des adhérents au syndicat, ce vendredi 23 septembre, à la salle Philanthropique.
DEUX REPRÉSENTANTS DE LA CGT EN MISSION À TAHITI
Dans le cadre des 20 ans d’O Oe To Oe Rima, deux représentants de la confédération générale du travail (CGT) de métropole ont été invités. "C’est une confédération avec qui nous avons des liens d’amitié depuis sa création", explique Patrice Bossart, membre de la Direction confédérale de la CGT
Selon Patrice Bossart, des liens ont également été tissés avec les autres confédérations syndicales sur le territoire. Les deux syndicalistes métropolitains devraient d’ailleurs rencontrer tous leurs partenaires.
Ils effectueront donc une mission de quinze jours en Polynésie, et plusieurs rencontres sont prévues dans leur programme. On notera, par exemple, le thème du nucléaire qui pourra être débattu avec l’association Moruroa e Tatou. "Avant de venir, nous avons étudié le rapport qui a été discuté au CESC sur les essais nucléaires. Et, il est important pour nous, de voir comment les victimes des radiations ont été prises en charge sur le territoire, et de voir les différences d’approches entre les métropolitains et les polynésiens. Et, lorsque nous rentrerons en métropole, nous irons frapper aux portes pour leur dire voilà ce qui s’est passé et voilà ce qui pourrait se mettre en place pour qu’il y ait une égalité de traitement", souligne Patrice Bossart.
Les deux syndicalistes métropolitains devraient aussi rencontrer le président du Pays, Edouard Fritch pour lui rendre compte des difficultés rencontrées par les différentes organisations syndicales. "Ce sera aussi l’occasion pour nous d’exposer ce qui nous aura été présenté".
Si pour l’heure, aucun accord n’a été signé entre la CGT et un syndicat polynésien, il semblerait que la confédération d’O Oe To Oe Rima franchisse le cap d’ici quelques jours. "Nous pouvons voir quelles sont les attentes. À notre retour en métropole, nous expliquerons les difficultés que rencontrent les travailleurs polynésiens, et ensuite, la direction confédérale fera ensuite une proposition pour voir le partenariat possible", prévient Patrice Bossart.
Un partenariat important pour le secrétaire général d’O Oe To Oe Rima, "pour acquérir de l’expérience".
Un sujet épineux qui ne se fera pas d’aussitôt. Pour le secrétaire général d’O Oe To Oe Rima, le financement de cette caisse reste le souci majeur dans la mise en place de ce dispositif.
"Il y a 80 000 salariés qui se retrouvent aujourd’hui au RSPF et qui sont aidés par le Pays, donc par nous, les salariés. Il faut mettre en place cela en Polynésie parce que c’est quelque chose qui existe partout même en métropole, donc je ne comprends pas pourquoi on ne l’a toujours pas appliquée en Polynésie."
PSG
Ponctionner les grandes entreprises pour alimenter la retraite, c’est l’idée que retient Atonia Teriinohorai.
"Ce qui est sûr, c’est qu’O Oe To Oe Rima va rester sur sa position, c’est-à-dire de ne pas baisser le taux d’indemnité de 70 % à 60 %. Sur ce point, on ne changera pas d’avis et on sera dans la rue, ça c’est sûr. Par contre, par rapport à l’emploi, nous avons des difficultés. Donc, nous avons proposé de prendre dans les grandes sociétés. Par exemple à EDT, toute la population paye leur consommation en énergie. Nous demandons qu’une partie de ces fonds soit reversée à la caisse pour aider notre retraite. Pour moi c’est important que les sociétés contribuent et aident le pays à relever la PSG. Ça existe déjà, il y a des taxes qui sont reversées au Pays pour payer le fonctionnement. Là, nous demandons une partie aussi pour nos retraites."
Secrétaire général O Oe To Oe Rima
Quel est le programme de ces deux journées de réunion ?
"Le programme de ces deux journées est de voir les problèmes que rencontre chaque fédération. On sait que le problème majeur c’est l’emploi. J’ai entendu dire que le gouvernement envisageait de relever le défi pour redresser l’économie de ce Pays, par les finances. Je pense que les polynésiens peuvent redresser l’économie de ce Pays, au niveau de la mer par exemple. C’est vrai qu’on aura besoin de l’aide sur le plan financier, mais nous pouvons travailler seuls, puisque nous avons des enfants qui ont fait des études et qui pourront développer ce Pays."
En métropole et en Polynésie, le code du travail n’est pas le même. Comment allez-vous faire pour travailler avec la CGT afin de répondre aux requêtes des salariés polynésiens ?
"En métropole quand tu déposes un préavis, tu n’as pas besoin d’attendre 5 jours. Alors qu’en Polynésie, nous avons 5 jours pour négocier avant de partir en grève. En fait les deux codes du travail se rejoignent. Par exemple, les heures de représentativité, en métropole, il y a 15 heures contre 10 heures en Polynésie. En France, ils ont aussi des congés de formation, alors qu’il y en n’a pas ici. Nous avons des congés de formation, mais ils ne sont pas rémunérés. Donc, il y a beaucoup de choses que nous souhaiterions intégrer en Polynésie parce que nous sommes quand même des "français". Donc je pense que la loi doit être la même pour tout le monde."
Quelle sera la mission des deux représentants de la CGT ?
"Aujourd’hui et demain (lundi et mardi ndlr), on va essayer de réunir les fédérations, pour entendre les difficultés que chacun rencontre. Ensuite, il y aura des rencontres avec la CPS pour voir les différences entre la sécurité locale et métropolitaine. Nous allons rencontrer aussi l’association Moruroa e Tatou parce qu’ils ont des adhérents qui ont des familles, qui ont travaillé à Moruroa. L’idée est de rencontrer Roland pour voir ce qu’il pourrait apporter de plus pour ces familles. Il y a aussi le fonds paritaire que nous devrions voir parce que la CGT est aussi représentée dans ce fonds en métropole, le CESC également. Et enfin, avec le président du Pays pour discuter de l’économie polynésienne."
Membre de la Direction confédérale de la CGT
Y’a-t-il un partenariat qui vous lie avec les organisations syndicales polynésiennes ?
"La CGT a considéré dans son histoire que nous devons aider des organisations dans le territoire. Les aider à s’organiser. Chaque organisation reste autonome et libre, c’est pour cela qu’on ne voit pas de sigle CGT, c’est vraiment notre conception du syndicalisme. On peut venir en appui par de la coopération et par de l’aide, sur plusieurs confédérations en même temps. Là, la démarche est de contractualiser un partenariat. Et, c’est pour cela que dans 15 jours, on va définir les besoins de chaque confédération polynésienne. Ce qui nous permettra de voir dans quels critères la confédération CGT de métropole pourra les accompagner. Avec O Oe To Oe Rima, nous sommes dans une coopération qui n’a jamais été formalisée. Mais le syndicat a émis le souhait de contractualiser un partenariat, et c’est pour cela que nous sommes là aussi."
Si cette coopération venait à voir le jour, comment se traduirait-elle ?
"On va essayer de travailler avec cette confédération et avec d’autres, avec qui nos fédérations ont des liens. Donc, on va essayer de répondre à leurs attentes, on ne vient pas avec une recette tout de suite. Cette confédération, pour leur fonctionnement et leurs axes revendicatifs, a besoin de quoi et de quelle manière on peut les aider ? Donc, durant les échanges on va être attentifs à leurs besoins. Et quand on va rentrer en métropole, on va rendre compte à notre direction confédérale, et on va voir de quelle manière, on peut les aider au mieux. On ne vient pas avec un produit fini, ce n’est pas notre manière de faire."
Y’a-t-il des similitudes dans les revendications en Polynésie et en métropole ?
"On va dire qu’il y a des thématiques qui sont générales, et que l’on va retrouver dans le monde entier. Ce sont des questions de salaires, de droits et de garanties collectives, et tout ce qui est lié au temps de travail. Donc, oui on retrouve des similitudes, après, ce n’est pas au même degré parce que nous ne sommes pas régis par les mêmes règles. Nous n’avons pas le même code du travail, nous n’avons pas forcément les mêmes conventions collectives, et nous avons besoin justement de clarifier tout cela. C’est pour ça que c’est important, que pendant ces deux jours (lundi et mardi ndlr), qu’on ait ces échanges sur les différentes problématiques. Je pense que cet échange mutuel va nous faire grandir et c’est comme ça qu’on voit nos échanges avec les autres confédérations."