Papeete : le quartier Estall au bord de l'implosion?

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Papeete : le quartier Estall au bord de l'implosion?
PAPEETE, le 5 octobre 2017 – Fiu des incivilités et des nuisances sonores, une partie des riverains a envoyé un courrier à la mairie et au procureur de la République. Ils espèrent que leurs doléances seront entendues.

Dès les premières heures de la journée, le quartier Estall à Papeete est en ébullition. Les habitants se pressent au petit magasin bleu à l’angle de l’avenue Pomare V. Près du temple aux couleurs flamboyantes, des familles discutent dehors. Des bambins jouent pendant que des adolescents bottent dans un ballon. A première vue, cette partie de la ville semble paisible. Le soir, c’est une toute autre ambiance.

Dans le quartier Estall, une partie des habitants est rentrée chez elle. Une autre est toujours dehors. La soirée continue. Parfois, la fête se poursuit et la musique s’intensifie. Une situation que ne tolère plus certains résidents. "Nous avons les chiens errants, les gens qui font la fête et la musique trop forte. Les gens ne respectent plus rien. Dans ce quartier, les jeunes sont à côté de la plaque!", vitupère une voisine.


« LE QUARTIER A PERDU DE SA VALEUR »
Papeete : le quartier Estall au bord de l'implosion?
La quinquagénaire habite la maison familiale, héritée de ses grands-parents, natifs de cette partie de Papeete. Au fil des années, elle a vu la situation se dégrader. "Le quartier a perdu de sa valeur", souffle-t-elle. Les habitants ne se parlent plus et ne se comprennent plus. "Les gens vivent dans des blockhaus de tôles où il est impossible de rentrer", pointe du doigt un autre habitant. La musique et la bringue ont le plus souvent lieu les week-ends.

Depuis peu, selon les riverains, il arrive que celles-ci aient lieu pendant la semaine. "Nous n’avons rien contre ces familles et leur activité. Mais qu’elles ne nous empêchent pas de dormir et de vivre…", lance une autre voisine. Les plaintes pour tapage nocturne se succèdent. La police intervient mais, d’après les plaignants, le calme ne revient pas. Pour les propriétaires des maisons, le fond du problème n’est pas la cohabitation.

"Il y a un manque de boulot, un manque de repères important pour ces gens : c’est ça le problème de fond !" S’ils reconnaissent que certaines actions ont été mises en place par la mairie, et notamment la construction d’une salle de sports, au Lagon bleu, ils estiment que cela n’est pas suffisant. "La jeunesse part en cacahuètes! Que font les pouvoirs publics? Rien ! Les familles continuent à vivre comme ça", s’insurge l’habitante à l’initiative d’une pétition pour interpeller la mairie, le Pays et la justice.

De l’autre côté de la route, les mis en cause rencontrés reconnaissent que la musique est forte le week-end. Certains pointent du doigt d’autres habitants pour les incivilités. "La police est descendue plusieurs fois, elle a prévenu les gens qui avaient la musique. La prochaine fois, ce sera une amende", rapporte l’un d’entre eux. Ceux pointés du doigt regrettent que personne ne vienne les voir pour discuter.

Le quartier Estall retrouvera –t-il un jour la quiétude qui le caractérisait?


« Il existe des personnes qui veulent s’en sortir »
A l’heure actuelle, les agents des affaires sociales de Papeete suivent une dizaine de familles du quartier Estall. Ils assurent des missions régulières afin de les aider dans leur quotidien. "Certains acceptent très facilement notre intervention, d’autres moins. Ils pensent que nous sommes là uniquement pour retirer leurs enfants…", explique l’un d’entre eux, affecté à la protection de l’enfance.

Selon les services du Pays, les familles qui vivent dans ce quartier sont, le plus souvent, originaires des îles. Attirées par les lumières de la ville, elles pensaient trouver une vie meilleure à la capitale. Par manque de chance et d’expérience, certains membres se retrouvent sans travail à vivre chez de la famille ou chez des amis. "Tous ces gens que nous accompagnons sont en situation de précarité à tous les niveaux", continue un travailleur social.

Une autre des missions des affaires sociales est de participer à la réinsertion professionnelle de ces personnes. Différents programmes sont mis en place afin de les rendre autonomes. "Parfois, nous travaillons aussi avec eux sur des projets de retour dans les îles. C’est souvent la meilleure solution. Là-bas, les gens ont un terrain, de la famille et ils ont les connaissances nécessaires pour pouvoir être autonome."

Les hommes et femmes de terrain souhaitent tordre le cou à certaines idées reçues. Toutes les familles qui vivent dans ce quartier n’attendent pas les bras croisés l’aide du Pays. "Il existe des personnes qui veulent s’en sortir, qui font tout pour leurs enfants, et qui le font de manière honnête."



Les assistants sociaux le reconnaissent : un gros travail est à réaliser dans ce quartier et tout le monde doit prendre sa part.


« Nous sommes là pour préserver la tranquillité publique »
La mairie de Papeete affirme avoir bien pris connaissance du courrier des habitants du quartier Estall. Les services assurent que le nécessaire a été fait suite à la missive : "La semaine qui a suivi la réception du courrier, la police municipale est allée à la rencontre de la plaignante. Ceux qui ont été désignés comme responsable ont été convoqués et ont été sermonnés. Ils ont assuré qu’ils allaient corriger tout cela. Depuis, nous n’avons pas eu de nouvelles plaintes. S’il y a une récidive, il faut appeler la police. A ce moment là, on pourra verbaliser. Nous sommes là pour préserver la tranquillité publique. Nous avons essayé d’inciter les propriétaires à sortir de l’indivision pour récupérer leurs biens et clôturer leurs terrains afin qu’ils ne soient plus occupés. Pour les familles qui y vivent à l’heure actuelle, il faudra voir au cas par cas pour trouver une solution. Ce sont des situations sociales difficiles. C’est aux services du Pays de voir avec eux. Nous, la mairie, nous venons avec nos moyens pour essayer de les insérer. Il y un suivi qui est fait à notre niveau pour les aider à retrouver du travail. Certains jeunes ont d’ailleurs été recrutés en CAE. Nous sommes sur le terrain."


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