La fédération polynésienne de rugby présidée par Apolosi Foliaki a finalement obtenu la délégation de service public. Après six mois de flottement, les compétitions officielles vont pouvoir reprendre. Cette délégation permettra à la fédération de décerner les titres de champions et de préparer des sélections pour les compétitions internationales. Elle lui permettra également d’obtenir des subventions.
Une fédération sportive regroupe plusieurs clubs, les clubs étant des associations à but non lucratif de type loi 1901. Une seule fédération par discipline peut obtenir la délégation de service public. Tous les quatre ans, en général dans les mois qui suivent les Jeux du Pacifique, le bureau de chaque fédération est renouvelé ou non. En novembre 2015, au moment du vote de renouvellement du bureau de la fédération tahitienne de rugby présidée alors par Charles Tauziet, un désaccord important était survenu.
En effet, le bureau en place avait jugé irrecevable la liste menée par Apolosi Foliaki au terme d’une assemblée houleuse, Charles Tauziet avait donc été reconduit dans ses fonctions pour quatre années. La liste écartée n’en était pas restée là, dénonçant « Une démocratie confisquée à la fédération tahitienne de rugby, une manipulation des chiffres, des clubs fantômes, un refus de transmettre les documents et de communiquer et au final, une parodie d’élection. »
C’est à la suite de cette assemblée houleuse que la fédération polynésienne de rugby est née autour des deux clubs leaders des derniers championnats, le RC de Faa’a et le RC Pirae. En début 2016, la jeune fédération avait enchainé les manifestations sportives avec les journées de Coupe de Tahiti, entre autres, alors que la fédération tahitienne était restée plus discrète, en attente du verdict du gouvernement.
Il y a quelques semaines, une commission avait été créée avec des personnalités des deux camps, pour que le rugby polynésien puisse fonctionner en attendant une meilleure solution.
Plusieurs clubs étaient en attente de la décision finale, comme par exemple Manu Ura de Paea ou encore le récent Papeete Rugby Club, la nouvelle fédération ne faisant pas non plus l’unanimité. Le refus du renouvellement de certaines délégations par le gouvernement (rugby, dragon boat, boxe…) avait été jugé comme « politique », visant le président du comité olympique de Polynésie française Tauhiti Nena lui même, ce dernier étant président de la fédération de boxe et de dragon boat, ou ses proches, comme Charles Tauziet.
La fédération polynésienne de rugby, depuis sa création, a fait preuve de volontarisme, mettant en avant également le rugby « jeunes ». Elle aura donc eu finalement gain de cause et pourra œuvrer pour les prochaines quatre années, en espérant que la situation puisse enfin s’apaiser et en espérant que l’on puisse voir des tournois de rugby qui réunissent l’ensemble des clubs polynésiens.
Il suffit de considérer l’exemple de Teiva Jacquelain qui a pu intégrer récemment le pôle espoir du rugby club de Toulon, pour se rendre compte du potentiel polynésien en terme de rugby. L’apparition spectaculaire du rugby à 7 aux Jeux Olympiques pourrait également en motiver certains, on ne peut qu’espérer que le rugby polynésien se fasse sa place, confronté à des voisins du Pacifique talentueux, dont les îles Fidji, les premiers champions olympiques de rugby à 7 de l’histoire. SB