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Titaua Peu suit des études en philosophie à Paris, ville inspirante qui fait naître très tôt l’envie et le besoin d’écrire, telle une échappatoire à l’éloignement de son île natale, de ses odeurs et de ses rythmes enivrants. Elle rentre à Tahiti en 2001 pour y retrouver une société moribonde, nécrosée par la mainmise du politique, l’opulence liée aux années CEP et… découvre la censure. Résiliée, elle garde la plume en main, d’abord journaliste aux Nouvelles de Tahiti puis avec un premier roman, Mutismes, publié en 2003 par les Éditions Haere Po. Treize ans plus tard, elle livre son second roman, considérablement plus dense et… bien plus noir : Pina.
Ce récit révèle au grand jour l’inéluctable héritage transmis par les ancêtres : celui d’un destin prédit, imposé, guidé par ces derniers, omniprésents et omnipotents. Le destin de Pina et des "invisibles". Peu à peu, à l’image de leur vallée et de leur pays, leurs destins entrecroisés se fissurent, finissant par s’effondrer et ils assistent, impuissants, à leur propre déchéance. Drames devant lesquels l’amour parvient à percer, à surprendre, à émouvoir.
Dénonçant le lot de conflits et de frustrations qui émanent des non-dits au sein de nombreuses familles polynésiennes, cette auteure à la plume éminemment littéraire donne à voir une société réaliste, loin des clichés illusoires. Aux antipodes du politiquement correct, ce roman crie la rage trempée dans la sueur, le sang, le sperme… et les larmes. Pas de réveil des consciences. Pas de jugement. La vie. Avec ce qu’elle a de laid. Avec ce qu’elle sait, aussi, de la beauté et d’une rédemption possible…
Dans la mouvance d’une nouvelle génération d’écrivains, tels Chantal T. Spitz et Moetai Brotherson, Titaua Peu représente une des principales voix francophones de la littérature du Pacifique. Du salon du livre de Papeete à celui de Paris, jusqu’à Rochefort, elle porte fièrement Pina et tous ce que représente le parcours balafré de cette jeune femme. Ce besoin d’écrire qu’elle "expulse" sur le papier tient pourtant de l’urgence sociale, sociétale. C’est un témoignage authentique et à peine fictionnel d’une réalité pénible à admettre, certes, mais qui est toutefois palpable et bien tangible. Ici encore, avec son deuxième "manifeste", et malgré son refus d’assimilation et son côté inclassable, elle s’impose pourtant définitivement comme auteure incontournable du paysage intellectuel polynésien.
À cette occasion, jusqu’au 31 juillet, tentez de gagner plusieurs romans (dont Pina), en jouant au quiz en ligne ci-dessous ! Indices : plongez-vous dans les archives de Tahiti Infos…