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Des peines pouvant monter jusqu’à 18 mois de prison ferme avec mandat de dépôt à l’audience ont été requises, ce jeudi par le parquet de Papeete, au cours d’une audience de comparution immédiate marquée par les dossiers de cambriolages. A la barre, tous les prévenus présentent le même profil. Des hommes d’une trentaine d’années, pères d’enfants en bas âge, sans emploi et un casier judiciaire long comme le bras pour seul diplôme. "Des cambrioleurs compulsifs dont on se demande s’il feront un jour autre chose que de voler", ne peut que constater le représentant du ministère public, accablé. Le premier "a commencé sa carrière" en 2004, relève le substitut du procureur, "enfin, c’est en 2004 qu’il a été pris pour la première fois…".
Interpellé le week-end dernier par les gendarmes, il a été placé sous mandat de dépôt mercredi par le juge des libertés et de la détention. Confondu par ses empreintes digitales et son ADN, il a bien été obligé de reconnaître sa participation à deux cambriolages commis les 31 mai et 13 septembre dernier. Expérimenté et outillé, il n’hésitait pas à déboulonner des grilles de protection, à démonter des fenêtres, pour s’introduire chez ses victimes afin de dérober, classique, les bijoux, alcool et autre matériel multimédia laissé trop en évidence. La facture est salée à chaque fois pour l’occupant légitime des lieux : jusqu’à 1,5 million de franc de préjudice. Le butin sera ensuite ventilé sous le manteau au marché noir pour quelques billets de mille.
"Il m’a volé tous les bijoux que mes proches m’ont offert depuis huit ans"
"Il m’a volé tous les bijoux que mes proches m’ont offert depuis huit ans", raconte sa victime. Elle a tenu à faire le déplacement au tribunal malgré ses six mois de grossesse. "Il y a un an, nous avions déjà été cambriolés. Du coup on avait mis des barreaux. Mais s’ils veulent rentrer, ils trouvent toujours un moyen. Ces bijoux, c’était aussi sentimental. Je suis choquée. Je rentrais du travail. Cela s’est passé en pleine journée. J’aurais pu me retrouver face à lui. Je n’ose imaginer ce qui aurait pu arriver. Je passe mon temps à me barricader, à vérifier que tout est fermé. Je me réveille la nuit. C’est stressant au quotidien. Et je suis sûre qu’il n’est pas venu seul. J’ai peur qu’il ait passé le mot à ses copains".
Et le procureur de la République de rappeler que ce ne sont pas que des biens matériels qui disparaissent, mais aussi des souvenirs, "des moments de vie", dérobés dans l’intimité d’un foyer censé symboliser la sécurité. Quatre peines de prison ferme qui pendaient au nez du cambrioleur après autant de condamnations en attente d’exécution lui sont cette fois tombées sur la tête. Il ne devrait pas retrouver la liberté avant mai 2018.
"Obligés de déménager : on ne pouvait plus vivre dans cet endroit, mes enfants sont traumatisés"
Egalement écroués mercredi après leur interpellation par la gendarmerie, deux autres voleurs chevronnés encourraient 1 an de prison ferme avec mandat de dépôt. "Vous avez déjà bénéficié de tout le panel des peines alternatives à l’emprisonnement, et vu l’engagement personnel que vous mettez à bafouer la justice, je ne vois pas pourquoi je ferais preuve de clémence", moque le parquet.
C’est à Mahina que ces deux-là ont sévi. Le second, complice du premier, le trimbalait de maison en maison à dos de scooter à la recherche du mauvais coup. Filmés par un témoin alors qu’ils s’enfuyaient sur leur deux-roues, ils ont été identifiés grâce à la plaque d’immatriculation de l’engin. En récidive de récidive de récidive, ils ont reconnu au moins cinq cambriolages commis ces six derniers mois. Ils disent avoir agi par "nécessité" et "appât du gain facile".
Dans la salle, la femme de l’un des prévenus sent poindre le parfum de la prison. Les larmes montent pendant que les quatre jeunes enfants du couple, insouciants, jouent de l’autre côté du mur dans la salle des pas perdus. Entre rapine et petits boulots, c’est le maraudeur qui faisait tourner la maison.
L’une de ses victimes, elle, a dû déménager suite à cette violation de domicile : "Il avait tout mis sans dessus-dessous dans la maison, même la chambre des enfants. Ils ont été traumatisés et se réveillaient toutes les nuits pour vérifier que tout était bien fermé et que personne n’était rentré chez nous. On ne pouvait plus vivre dans cet endroit".