La vie ne tient parfois qu’à un fil, surtout en matière de violences conjugales habituelles. Déployé en métropole depuis septembre 2014, après quatre ans de tests, le "téléphone grave danger", où TGD, arrive en Polynésie française. Le dispositif, attribué à ses bénéficiaires par le procureur de la République dans le cadre d’une procédure judiciaire, est simple dans sa finalité : mettre à la disposition d’une femme –ou d’un homme- battu une ligne téléphonique directe et discrète avec les forces de l’ordre, facile à déclencher en situation de stress, et provoquant dans les plus brefs délais l’intervention de la police ou de la gendarmerie. La justice peut désormais compter sur vingt de ces téléphones. Ils seront progressivement déployés à Tahiti et dans les îles dès le début du mois de janvier.
Insuffisant, dans un contexte local ou les violences intrafamiliales et conjugales atteignent en moyenne 2 500 faits par an ? "Il y en avait 13 en service dans l’Eure, un département pilote, quand j’en étais le préfet, et tous n’ont pas été utilisés", tempère le haut-commissaire René Bidal. Si le TGD concerne les victimes de violences physiques ou sexuelles commises au sein du couple ou de l’ex-couple, il est en effet réservé aux cas les plus graves, où la personne est en situation de danger, où le conjoint violent a déjà fait l’objet d’une interdiction d’entrer en contact avec elle.
Attendu par les victimes
"Ce dispositif était attendu par un certain nombre de victimes qui se sentent en danger au quotidien", a pour sa part relevé Cécile Moreau, directrice de l’association polyvalente d’action judiciaire (Apaj). "Cela va permettre de les sécuriser, d’améliorer leur quotidien, de mieux dormir tout simplement". Les téléphones seront en effet attribués à des victimes de conjoints violents déjà connu de la justice, dont la dangerosité est avérée.
En cas de danger immédiat, et par une simple pression facilitée sur une touche destinée à cet effet, le titulaire du téléphone sera mis en relation directe avec le 17. L’appelant préalablement référencé est alors immédiatement identifié par la police ou la gendarmerie.
"Techniquement parlant, on sait qui appelle, où elle est grâce à la géolocalisation et nous savons que la situation est potentiellement grave", lance le procureur général François Badie. "Comme pour éteindre un incendie, l’essentiel est d’agir le plus rapidement possible et ce dispositif nous permettra de le faire", assure le colonel Pierre Caudrelier, commandant de la gendarmerie pour la Polynésie française. Le haut-commissaire René Bidal ne néglige pas non plus "l’effet dissuasif" que pourrait avoir la publicité du déploiement de ce téléphone grave danger : "Certains réfléchiront peut-être avant de passer à l’acte". Ceux-là même "s’exposeraient alors à des représailles immédiates et encore plus fortes" promet François Badie.
Rappelons qu’en Polynésie française, trois femmes sont victimes d’actes violents chaque jour. Le déploiement du TGD est l’une des réalisations du plan de prévention de la délinquance adopté le 2 mars 2016 par les autorités de l’Etat et du Pays, avec le soutien technique de l’opérateur téléphonique Vodafone.
1 – Le consentement de la victime (géolocalisation).
2 – L’absence de cohabitation avec l’auteur des violences.
3 – L’interdiction judiciaire pour l’auteur d’entrer en contact avec la victime.
2 – En cas de danger grave et imminent, le bénéficiaire active le bouton d’alerte du téléphone qui déclenche l’appel au numéro d’urgence 17.
3 – L’opérateur police-secours réceptionne l’appel et identifie immédiatement un numéro spécial « TGD ».
4 – En fonction de la situation, l’opérateur police-secours peut communiquer avec la victime. L’appel est enregistré.
5 – L’opérateur police-secours procède à la géolocalisation précise du bénéficiaire et fait intervenir immédiatement une patrouille auprès de la victime afin de la protéger.